Retourner à : Initiation à l’audit interne
Illustration
Prenons l’exemple simple, à la limite simpliste, du caissier qui a laissé un trou dans sa caisse. Remarquons en tout premier lieu que si la découverte de cette anomalie a été faite par un inspecteur et par un auditeur interne, les circonstances n’ont pas pu être identiques :
* l’inspecteur chargé de contrôler la bonne application des règles et directives par les exécutants se sera livré, sur une période déterminée, à une analyse exhaustive des opérations du caissier : cette occasion il aura découvert l’erreur (ou la malversation);
* pour l’auditeur interne cette découverte se sera faite un peu « par hasard » car son rôle n’est pas de contrôler le travail des hommes, mais de regarder comment fonctionnent les systèmes. Pour ce faire, il se livre à un certain nombre de tests (on verra comment dans le chapitre consacré à la méthodologie). Il ne s’agit donc pas là d’un examen exhaustif et ces tests peuvent ne révéler que la potentialité d’une erreur ou d’une malversation, sans rencontrer l’incident lui-même.
Pour la clarté de notre démonstration, imaginons que l’auditeur interne ait, lui aussi, constaté le trou dans la caisse. Que vont faire les deux intéressés ?
L’inspecteur va faire trois choses :
– Constatant l’erreur ou la malversation, l’inspecteur va sanctionner ou faire sanctionner le caissier, ou – à tout le moins – donner son avis sur la sanction.
Quelle que soit son action dans ce domaine et elle va dépendre largement de la culture de l’entreprise, il y aura « action » : nous dirons donc que l’inspection s’intéresse à l’homme.
– Ensuite, l’inspecteur, comme son nom l’indique va tout naturellement chercher “où est passé l’argent”; il va se livrer à un travail d’enquête et de recherche et entreprendre toutes actions jugées nécessaires pour récupérer l’actif disparu.
– Enfin, l’inspecteur va faire prendre toutes dispositions pour « remettre les choses en l’état », faire en sorte qu’après sa mission aucun désordre ne subsiste.
Dans le cas simple ici envisagé, il va veiller à ce qu’il y ait parfaite concordance entre les écritures en comptabilité et les espèces en caisse en faisant procéder aux redressements nécessaires.
Donc trois niveaux d’action :
– recherche (et sanction) du responsable ;
– restauration des actifs de l’entreprise ;
– remise en ordre de la situation.
L’auditeur interne va avoir une action fondamentalement différente. Il ne va pas s’intéresser à la personne du caissier sauf à signaler l’affaire, si elle est d’importance, à la hiérarchie et/ou à l’inspection pour que ces dernières prennent sans tarder les dispositions nécessaires. S’il n’y a pas urgence, hiérarchie ou inspection se trouveront naturellement « saisies » par la production du rapport d’audit.
L’auditeur interne va agir en deux temps et dans deux directions :
– Il va rechercher, parmi tout ce qui a été mis en place pour le bon fonctionnement de la caisse (des méthodes de travail, un caissier compétent, une supervision efficace, des dispositifs de sécurité, des moyens de contrôle – dont l’inspection – un bon système d’information, etc.) parmi toutes ces dispositions quelles sont celles (ou quelle est celle) qui n’ont pas fonctionné (ou qui ont mal fonctionné) de telle sorte que cela ait pu se produire. Il va donc se livrer à une recherche causale ayant pour but de déterminer quels sont les dispositifs de contrôle interne oubliés ou insuffisants qui ont empêché d’avoir une maîtrise satisfaisante des activités du caissier.
Ayant ainsi identifié les causes des faiblesses, insuffisances ou dysfonctionnements l’auditeur interne va définir ce qu’il convient de modifier, ajouter, supprimer pour qu’à l’avenir cela ne se reproduise plus. En d’autres termes, il va recommander ce qu’il convient de changer aux dispositifs de contrôle interne appliqués jusqu’alors pour avoir une meilleure maîtrise des opérations.
À la différence de l’audit interne, l’Inspection :
* n’a pas pour vocation d’interpréter ou de remettre en cause les règles et directives. Si elle le fait, c’est que l’on est en présence d’une inspection qui exerce, au moins pour partie, une fonction d’audit ;
* réalise plus des contrôles exhaustifs que de simples tests aléatoires ;
* peut intervenir spontanément et de son propre chef, alors que – nous le verrons ultérieurement – l’audit interne n’intervient que sur un ordre (via un plan d’audit interne) ;
* va éventuellement se saisir des révélations de l’audit interne pour inspecter les opérateurs impliqués ou susceptibles de l’être.
Source: Théorie et pratique de l’audit interne, Jacques Renard 7e édition